De la frontière à Istanbul (8 décembre 2014) 265km – partie Europe

 

Poste frontière

Cette frontière est la plus grosse que nous traversons avec pas moins de 3 check points différents .On ressent bien la pression territoriale qui sépare l’Europe du reste du monde. Une très large rivière surveillée 24h/24 sert de séparation entre la Grèce et la Turquie. La nuit semble d’ailleurs stresser un peu les soldats exerçant leur surveillance sur le pont. Arme en main, ils s’agitent.

En ce qui nous concerne, le passage avec nos vélos se fait très facilement sans plus de formalité que pour les autres frontières déjà traversées…quoi que, il est vrai que ça a duré plus longtemps, surtout avec les douaniers qui fumaient dans leur cabine avec derrière eux le panneau d’interdiction de fumer. Très pro ! D’immenses drapeaux turcs flottent fièrement dans les airs.

 

Ipsala (1ère ville Turque)

Les obligations administratives terminées, nous pédalons les derniers km de la journée afin de nous rendre chez Hasan, un Warmshowers. Arrivés en ville, nous sommes sur la bonne rue, mais nous ne trouvons pas. Nous demandons alors notre chemin à des turcs amassés sur le trottoir devant un café. Heureusement que nous avons les coordonnées de notre hôte. Un des hommes appelle et nous indique ensuite la direction. Rebroussons chemin dans la même longue rue peu éclairée.

Hasan est là, tout sourire à nous attendre dehors. Il ne parle pas vraiment anglais. Il l’avait bien précisé dans son portrait. Il vit avec 4 autres colocataires qui ne parlent pas plus anglais. Pour communiquer, nous utilisons ce que la technologie met à notre disposition : Google translate (autant dire que la majorité  du temps, il était impossible de comprendre la traduction). L’appartement dans lequel ils habitent est certes grand, mais quelque peu délabré…cela n’empêche qu’il sert de point de rassemblement pour tous les autres étudiants logeant dans cet immeuble. Nous verront ainsi débouler d’autres têtes, ainsi que celle d’un de leur professeur, à 1h du matin. Ce dernier parlant anglais et servant d’interprète.

Plus tôt dans la soirée, un des élèves plutôt corpulent (120kg), surnommé le cancre par ses camarades tien absolument à faire un bras-de-fer avec Max. C’est donc ça l’hospitalité turque ? C’est vrai que l’on dit « fort comme un turc ! ». Du coup, Max s’exécute après avoir expliqué qu’il n’avait plus aucun muscle aux bras, que tout était dans les jambes. Mais c’est avec fierté qu’il relève le défis et  honore les couleurs de la France en ne faiblissant pas du bras et même mieux. Haha. L’autochtone admettra sa défaite.   

Peut être une heure après notre arrivée, un autre cyclo touriste (suédois) aura la chance d’être lui aussi hébergé par nos hôtes et de déguster un plat de riz agrémenté. Il vient lui aussi du côté grec. La soirée est interminable, mais nous parvenons à nous allonger sur différents sofas après une douche chaude.

Nos chers étudiants devaient se rendre à leur école pour 9h…mais voilà que la pendule indique 11h et ils sont tous dans un profond coma. On entend les réveilles et les téléphones sonner depuis déjà quelques heures, mais personne ne semble bouger…haaaa l’insouciante vie d’étudiant.

Trèves de fainéantise, nous devons y aller. L’autre cyclo : Pétrus, veut rester se reposer une journée de plus.

 

D’Ispala à Istanbul

La météo n’est pas au beau, mais on a l’habitude depuis quelques semaines. On quitte la ville pour s’engager sur la seule route amenant vers l’Est. Cet axe est caractérisé par une large route en 2x2 voies qui ne suit aucune loi de la nature : c'est-à-dire que les reliefs ou les villages présents sur le tracé n’ont aucunement modifié la ligne droite bitumée.

Les jours futurs en direction d’Istanbul se révèleront être semblables :

Le paysage est celui de la campagne avec des champs à perte de vue. Collines, villages, mosquées, drapeaux turcs, boue, voitures, camions, lignes droites, montées, 2x2 voies, vent de face, pluie…

Des journées interminablement ennuyeuses et terriblement difficiles. Non pas les dénivelées, mais un vent toujours plus fort, plus on s’approche d’Istanbul. On se demande même si depuis quelques semaines, les éléments ne nous disent pas très explicitement de ne pas continuer vers l’Est. C’est plat, droit… et on peine à atteindre les 15 à l’heure ! On serait plutôt à 10 sur du plat. Pour vous dire l’intensité du vent. Nos étapes ne dépassent pas les 60km : c’est l’autonomie de nos batteries à contrer la nature.

Pluie, boue, trafic, crevaisons, vent, hôtels, repas… la belle vie quoi.

Le paysage sera néanmoins plus appréciable en bord de mer de Marmara, malgré l’augmentation du trafic sur ce gros axe qui coupe nonchalamment les villes en deux. Les habitants sont obligés d’emprunter des passerelles pour passer au dessus. Cette route s’apparente véritablement à une frontière imposée par les dictâtes de l’automobiles, sans aucun égare envers les autres usagés ou population.

La dernière étape pour joindre Istanbul ne se déroulera pas comme prévu. Au matin, la pluie…bon, jusque là, rien d’anormale malheureusement. Nous commençons à pédaler, en montée pour sortir de la ville. On se rend bien compte que le vent souffle fort puisque tous les drapeaux sont tendus comme des strings. Que cela ne tienne Max est décidé à y aller, et Oli suit. Une fois au sommet de la colline, les rafales de vents font faire des écarts de près de 2m… Le trafic en puissance s’agite avec de nombreuses machines à tuer ! Finalement, nous rebrousserons chemin direction la gare routière. Il est vrai que nous avons pu lire sur différent blog que les cyclos prennent le bus pour se rendre à Istanbul car l’unique route sur laquelle nous roulons se transforme en autoroute à 2x4 voies. Par chance, un bus par maintenant. A peine les vélos et les sacs fourrés dans les soutes que le bus se met en route. Nous auront la désagréable sensation de nous faire encore une fois prendre pour des pigeons lorsque le contrôleur nous rend 20 liras sur les 100 que nous avons donné alors qu’il aurait dû nous en rendre 70 ! 15 liras par personne, mais il nous explique que c’est 25 liras par vélo. Ha le salop ! Non non non. Max lui dit qu’il déconne. Alors il nous en rend 10 de plus…et bêtement on en reste là. (En gros, +5€/pers et 7€/vélo). Bref, c’est parti pour 40km de bus. Et à voir la route, et les écarts que fait le bus, on a bien fait de ne pas continuer sur nos bécanes.

L’autoroute que nous empruntons passe au travers de villes où des dizaines et des dizaines de tours fraichement construites s’entassent. A l’approche d’Istanbul, l’habitat devient de plus en plus dense avec de grands centres commerciaux. Lorsque nous sommes dans les bouchons, le chauffeur du bus force le passage et gruge autant que possible.

Le bus nous jette à la gare d’Istanbul. Sauf qu’on se sait absolument pas où on se trouve. Deux jeunes turcs très sympas parlant anglais nous aiderons à nous procurer une carte de la ville. La gare se trouve à 20km de là où nous souhaitons nous rendre. Oli a noté des adresses d’hôtels.

Nous voici ainsi lancés dans la circulation urbaine entre gouttes de pluie et travaux, slalomant entre les véhicules à l’arrêt. Conduite sportive, klaxon omniprésent, avec nos bicyclettes nous sommes loin d’être prioritaire, les turcs sont sans pitiés ! Les taxis jaunes te « fonce » dessus, te double, là où il n’y a pas forcément l’espace nécessaire.

Nous avons la chance de nous créer un aperçu de la ville en traversant de nombreux quartiers (populaire, riche, commerçant, glauque…). Malgré la carte de la ville et les adresses, impossible de trouver les hôtels…même les locaux ne sont pas capables de savoir où ils se trouvent. Ceux qu’on aura réussi à trouver seront fermés ou complets.

Cela dit, pas d’importance car dans le centre d’Istanbul (district de Fatih, quartier Sultanahmet), on trouve des hôtels tous les 50m.